vendredi 21 octobre 2016

Un oiseau de proie. Aux ailes puissantes, au vol large, lent.
Du coin de l’œil elle l'observa, tandis qu'elle négociait sans y prêter attention le virage qui sinuait sous la voie de chemin de fer. Comme plusieurs fois par semaine, chaque semaine, depuis si longtemps.
L'oiseau planait, suspendu, immobile, à la verticale du champ qu'elle longeait, loin au-dessus de sa petite vie, de ses petits soucis, du petit retard qu'elle allait avoir si elle s'arrêtait pour le regarder.
Elle se gara, en vrac sur le bord de la route. Coupa le contact. Sauta à bas de sa voiture et claqua la portière. Puis elle s'engagea dans le champ labouré depuis peu, s'enfonçant dans les mottes de terre grasse jusqu'à la cheville avec le sentiment de vivre une aventure interdite, presque dangereuse.
Qu'est-ce que c'était que cette existence stupide, étriquée, où le simple fait de marcher dans la boue en salissant ses chaussures lui faisait battre le cœur ?