mardi 28 juillet 2015

Ils sont là, dans l'ombre
Leur nombre croît sans cesse
Attendant en silence
Condamnant mon sommeil
Au début ils se rassemblaient
S'épaulaient, se soutenaient
Progressant discrètement
Presque timidement

       A présent ils se répandent
                                                S'éparpillent
                                                                     Sûrs de leur force
                                                                                                  De leur pouvoir

Ils se glissent dans le moindre interstice                               

Rampent jusqu'à mon lit

Sentinelles immobiles et muettes

Fermées sur leurs secrets

Les livres...

mardi 21 juillet 2015

Elle est partie, âgée, menue.
La grande maison est vendue.
Avant il faut débarrasser.
Vider. Trier. Jeter. Jeter.
On découvre ainsi, quel dommage,
Des cadeaux dans leur emballage,
Des boîtes pleines d'élastiques,
Un chiffon qui sent l'encaustique.
Sous une pile de draps frais,
Un ruban, une dent de lait.
Le dérisoire d'une vie,
En quatre jours éparpillé.

Et hop, un dernier tour de clef,
Direction, la déchetterie.

samedi 18 juillet 2015

Fragile est la lumière, timide, et incertaine.
Tandis que de la vie se tarit la fontaine,
Dans l'ombre du miroir rôde le désespoir,
Et du passé trahi monte l'odeur du noir.

De nos jours patiemment la mort fait la moisson.
Le temps est immobile, et c'est nous qui passons,
Petits pantins naïfs à l'éphémère destin,
D'un ridicule esquif passagers clandestins.

Alors de cette vie, ce petit bout de rien,
Tous les menus plaisirs, grappillons, chapardons.
Oublions que pour nous bientôt viendra la fin,
Et pieds nus dans la nuit dansons sur les chardons.
 

mercredi 15 juillet 2015

"Viens, dit la mère à l'enfant qui s'inquiète, allons faire un gâteau."
La farine est légère, elle s'envole sur le bout de son nez, ils rient tous les deux.
Il la dispose en petit tas, qu'il creuse pour y casser les œufs.
"Regarde maman, la jolie montagne !"
La farine se fissure, laisse échapper un peu de jaune. D'un doigt l'enfant y dessine quelque chose que la mère distingue mal. Elle se penche, pose un bras tendre sur ses épaules.
"Qu'est-ce que c'est ?"

"Qu'est-ce que c'est ?" demandent les touristes hébétés de chaleur.
Le guide s'est arrêté devant d'étranges statues de plâtre qui rampent sur le sol.
"Les moulages des corps, réalisés à partir de leur enveloppe de cendres durcies", explique-t-il avec un brin de lassitude.
Et les touristes de s'extasier, comme d'habitude, sur le chien tordu de douleur, l'homme qui se débat, la mère dont le bras enserre toujours l'enfant.
C'est si calme aujourd'hui.