samedi 1 janvier 2022

 Dans mon jardin
Est un figuier
Au parfum sucré d'amitié.

Il me parle d'un bateau,
D'un bateau en bois poli,
Que patience et passion
Ont construit bien loin d'ici,
Sur une terre mouillée d'embruns
Où ne poussent pas les figuiers.

Il me parle de mémoire,
De mémoire qui s'évanouit,
D'un regard qui s'ennuage
Et d'une voix qui s'est tue,
Emportant les souvenirs
De celui qui ne sait plus.

Il me parle de temps fini,
Mais aussi d'éternité.
Il me parle de ce qui s'est enfui,
Mais aussi de ce qui est resté.
 
De tout cœur je dis merci
A celui qui me l'a donné.
 

dimanche 12 juillet 2020



On a muré le puits

On a muré le puits
L'enfant y est tombé
Tout au fond s'est noyé
A peine un léger bruit

Sous un buisson de roses
Désormais il repose
Sous un manteau de nuit
A jamais endormi

Tous les jeux se sont tus
Sous la pluie, oublié,
Gît un cerceau rouillé
Dans l'herbe rare et nue

On a muré le puits
Le passé s'est enfui
Il nous reste l'oubli
Et l'écho de son cri
Qu'on n'a pas entendu
Ou bien que l'on a cru
Être un cri d'enfant sage
Alors que de la mort
Il était le message
Trop tard pour les remords

La maison est vendue
Le jardin, disparu,
En petits bouts, loti
On a muré le puits.


dimanche 28 octobre 2018

Carte postale

Dans ces ailleurs lointains où je n'irai jamais,
Ces îles alanguies au creux des mers du sud,
Rivages lumineux hérissés de palmiers,
Sable blanc sable noir, brûlant sous le soleil,

Dans ces ailleurs lointains où je n'irai jamais,
Ces îles improbables où croisent les voiliers,
Rivages magiciens où s'oublient les chagrins,
Sable chargé de rêves, encombré de regrets,

Dans ces ailleurs lointains où je n'irai jamais,
Ces îles, ces lagons, de turquoise accablés,
Rivages alourdis par la mélancolie,
Sable désenchanté, aux grains éparpillés,

Dans ces ailleurs lointains où je n'irai jamais,
Ces îles illusoires, infortunés tropiques,
J'abandonne au rivage la carcasse esseulée,
Le sable d'une vie vécue sans exister.


D'après une photo de Daniel Hjalmarsson sur Unsplash


vendredi 21 septembre 2018

La pluie sur mes carreaux, en rigoles sinueuses.
Rigole, pluie, rigole bien, il n'y a que toi à trouver ça amusant.

Dans cette eau que tu pleures sur mes carreaux,
il y a mes espoirs et mes larmes
mes rêves et mes cauchemars
mes victoires, mes défaites.

Surtout mes défaites.

Défaite.
Il y a si longtemps que je suis défaite.
Délitée
Dissoute
Vidée
Exterminée
Anéantie.

Il y a si longtemps que je fais semblant.
Longtemps que je sais que rien ne m'attend là-bas.

La vie, ce désastre consenti.

Accords plaqués sur un piano sans âme,
Pour remplir le silence
Et croire à l'existence.

L'eau coule à l'océan,
un couteau plein de sang,
C'est la vie qui s'en va, en rigoles sinueuses.
Et le rire de la pluie sur un carreau fêlé.

Il n'est finalement pire assassin de soi que soi-même.


lundi 16 avril 2018

Le bonheur résiste parfois,
On ne sait pas toujours pourquoi.

Ça tient pourtant dans un regard,
Dans un oubli, dans un retard,
Et les jours s'enfuient en riant,
On demeure là, suppliant,
Le cœur à l'arrêt, sur le quai,
Serrant dans ses mains un bouquet,
Les fleurs défraîchies des regrets,
Les dommages sans intérêts,
Tant de désespoir enfermé
Entre les pétales froissés
De cette vie qu'on a ratée,
Ce train, qu'on a laissé filer,
Bêtement, parce qu'on croyait
Que le temps nous appartenait.

Le bonheur résiste parfois,
On ne sait pas toujours pourquoi.
Et quand se déchire la brume
Il ne reste que l'amertume.
 

mercredi 4 avril 2018

"Être heureux,
c'est toujours être heureux malgré tout."
 
Clément Rosset, Le Monde de l’Éducation, Paris, 1999

dimanche 1 avril 2018

"Sur les chemins parsemés de préjugés anciens,
j'ai traîné mes silences désorientés."

Raymond Queneau, Contes et Propos, Paris, 1981