lundi 23 janvier 2017

J'avais le choix aujourd'hui entre Bernanos et Baudelaire. Un grand cimetière sous la pluie (désolée, Georges, pour le détournement) ou Spleen de Paris.
J'ai renoncé à la pluie. C'était une bonne idée, puisque voici le soleil.
J'ai gardé Paris. 
Versailles, plutôt.

Il y a un an, il te restait si peu à vivre.
J'étais dans ce train de banlieue qui traverse mon existence, Saint-Cloud, Suresnes Val d'Or, Sèvres... C'est étrange quand on y pense cette ligne de vie ferrée.

Sais-tu qu'il va et vient toujours dans ma mémoire, ce train qui m'emportait une fois de plus vers toi ? 
Une fois encore, ma petite île de désarroi dans le flot de l'indifférence et de la grisaille. La dernière, je le savais. J'avais pris avec moi de quoi tenir un siège. Quelques heures ou quelques jours, selon le temps que tu mettrais à mourir.
Ce fut quelques minutes.
Ensuite, ma foi...
Mais ces quelques minutes.

Et ce train, qui roule, qui continue à rouler, dans un sens, puis dans l'autre, tandis qu'assise derrière la vitre sale je regarde défiler les gares maussades et désolées.
Jusqu'au bout du quai, au bout de la voie, au bout de ta vie.
Jusque dans la blancheur de ce silence où tu nous as à jamais enfermées

jeudi 19 janvier 2017

Les morts en nous quittant
Emportent avec eux
Des mots
Qu'à haute voix jamais
Nous ne pourrons plus dire.

Et c'est le mot Mamie, et c'est le mot Maman,
Qui désertent d'un coup
Notre vocabulaire.
Nous voici orphelins du mot et de la chose,
Dans un silence intime cadenassé par l'absence.

Le compte à rebours est lancé.
Il ne manque plus que quelques jours au présent
Pour achever la boucle du passé.

L'hôpital, en attendant,
N'en finit pas d'exister,
Et la tristesse de chaque instant,
Comme si rien ne s'était effacé,
Les heures aux heures s'ajoutant,
Les retours dans la nuit glacée,
La fuite irréelle du temps
Devant ce lit blanc froissé.

Il y aura bientôt plus d'un an,
Et je suis toujours là, arrêtée,
Sur les mots qu'elle n'a pas prononcés.
 

jeudi 12 janvier 2017

L'écume de son départ
Sur la plage de ma mémoire
Laisse en se retirant
Quelques coquillages brisés
Et un peu de bois flotté.